Origine du nom BIRLINGER


BIRLINGER - BIRLING

Dans le secteur de Guebwiller, les Birlinger sont présents à Issenheim, alors que les Birling vivent à Ruelisheim. Malgré une forte ressemblance de nom, leur étymologie tout comme leur origine se révèlent pourtant fort différentes.

Les Birling de Ruelisheim : des oursons ?

Arrivés à la fin du dix-septième siècle, les Berling se nommaient Berlin et Berelin. Lors de son mariage à Ruelisheim, en août 1691, avec Marie Birr, Frédéric Berlin est dit originaire de « Wengensteten im Frichthal ». Il est facile d’identifier cette localité avec l’actuel Wegenstetten, dans le canton d’Argovie. Le Frickthal, composé des districts de Laufenbourg et de Rheinfelden, fut le siège d’une émigration assez conséquente vers l’Alsace, principalement après la guerre de Trente Ans. Le patronyme d’origine, tels qu’on le retrouve dans le canton de Saint-Gall dès le quinzième siècle, est sans doute Baerli ou Beerli, diminutif de Baer, l’ours. Quoi qu’il en soit, le patronyme de Frédéric, notre premier de lignée, se vit orthographier de diverses manières suivant les actes paroissiaux successifs. On trouve ainsi Berlin, Berelin, Bürlin, Bürling, pour donner aujourd’hui la forme Birling. Frédéric eut de son épouse six enfants, mais il décéda en 1705, moins d’un an après la naissance du dernier. Baptisés entre 1693 et 1704 à Ruelisheim, les enfants du couple furent confirmés en 1705 à Ensisheim et en 1713 à Rouffach et Soultz. La descendance Birling sera assurée par les fils Jean-Frédéric, Nicolas et Joseph. Le premier épousa Barbe Fries, le second Madeleine Schaegi et le troisième Barbe Siffert.

D’où viennent les Birlinger ?

La forme du nom Birlinger évoque une origine : les Birlinger viennent de Birlingen. Encore faut-il trouver non seulement un lieu identique, mais également une raison au déplacement et de ce fait à la création du nom. Pour les Birlinger, nous avons de la chance. En effet, beaucoup de personnes connaissent encore l’ancien pèlerinage de Notre-Dame de Birlingen, situé entre Cernay et Steinbach. L.G.Werner, dans ses études sur les villages disparus de la Haute-Alsace, et plus récemment Denis Ingold, dans son excellent « Steinbach-Cernay, histoire d’un vignoble », nous donnent des précisions quant à cet ancien habitat. L’abbaye de Lucelle possédait une cour ou grange à Steinbach dans laquelle elle faisait entreposer le vin et les céréales lui revenant. Citée dès 1187, cette propriété est nommée, en 1296, cour de Burlingen. Ce domaine était géré par un responsable appelé le grand-cellerier (« Grosskeller »). Nous trouvons la même situation à Lutterbach que Lucelle acheta en 1304. Quoi de plus normal pour un employeur, déjà à l’époque, d’utiliser au mieux de ses intérêts son personnel ! Et on peut sans peine imaginer ainsi qu’un employé du domaine de Birlingen, muté au domaine de Lutterbach, se fit surnommer « Birlinger » par les autres habitants. Ce surnom devint ensuite héréditaire en passant à la descendance...

Mais revenons à Cernay, où l’abbaye de Lucelle possédait également une cour franche, dont l’imposant bâtiment du seizième siècle abritait le receveur de l’abbaye. C’est à cette époque qu’on érigea en prieuré la propriété de Birlingen et que fut construite la chapelle. Lors de la vente des biens nationaux en 1791, l’enclos de Birlingen se composait de la chapelle avec une maison et deux petits jardins d’une valeur de trois cents livres (Marc Drouot : Les premières ventes de biens de l’église à Cernay-Steinbach en 1791). Démolie en 1803, la chapelle fut remplacée par un oratoire. En 1894, on rebâtit une chapelle, qui fut de nouveau détruite durant la première guerre et reconstruite en 1932 (le Haut-Rhin, dictionnaire des communes).

L’ancienne souche de Lutterbach

Les Birlinger apparaissent à Lutterbach dès le début du dix-septième siècle. Nous pouvons mesurer leur forte implantation grâce au relevé des mariages d’ancien régime réalisé par André Kiener. Ainsi, entre 1606 et 1792, furent célébrés à Lutterbach pas moins d’une quarantaine de mariages où l’un des conjoints était un Birlinger. Et nous pouvons ajouter que cette représentativité était tout aussi bonne après la Révolution, avec une trentaine de mariages Birlinger entre 1793 et 1850. Malgré le peu d’information contenue dans les actes paroissiaux, il est néanmoins possible de « remonter » les lignées familiales. Prenons pour exemple celle de Jean Birlinger, né à Lutterbach en 1811 d’une famille de laboureurs et époux de Catherine Scheidecker. Sa pierre tombale - il est mort en 1880 - ainsi que celle de ses parents nous donnent déjà une information permettant de franchir le cap de la Révolution. Christophe Birlinger et son épouse Catherine Burgard, décédés respectivement en 1819 et 1816 et parents de Jean, s’étaient unis à Lutterbach en 1806. Né en 1777, Christophe était fils de Jean-Thiébaut Birlinger et d’Anne-Marie Selet. Le mariage de ces deux conjoints fut célébré, comme le voulait la coutume, dans la paroisse d’origine de la future épouse, en l’occurrence Luemschwiller. Baptisé en 1724, Jean-Thiébaut avait comme parents Joseph Birlinger et Anne-Marie Glock. Et ainsi de suite...

Joseph Wurtz, dans sa monographie consacrée à Lutterbach et publiée en 1913, publia un intéressant document daté de 1815. Il s’agit d’un état donnant le détail des effets dérobés le 28 juin 1815 par des troupes bâdoises. Parmi les victimes de ce pillage on relève sept Birlinger, qui avaient perdu dans l’affaire du mobilier, de l’argent, du vin et du lard, des moutons ainsi que deux chevaux. Le registre paroissial quant à lui contient une note concernant plus spécialement les Birlinger et datée probablement de la fin du dix-septième siècle. Elle mentionne, en allemand, la donation faite par Thiébaut Birlinger à la fabrique de l’église Saint-Martin de Lutterbach, d’une somme de trente livres (monnaie de Bâle). Ce capital, placé, devait rapporter un intérêt annuel permettant de financer une messe anniversaire perpétuelle. Cette messe, à lire le 1er décembre, devait contribuer au salut non seulement du donateur, mais aussi de ses trois épouses successives : Salomé Goehler, Barbe Schweblin et Anne Burckhart.

De Lutterbach, une branche essaima à Raedersheim. Ce fut celle du « chef cantonnier au chemin de fer » Joseph BIRLINGER, le fils de Morand, qui du fait de sa profession habitait Raedersheim. Il y épousa, en 1843, Thérèse Vogt, et sera l’ancêtre des Birlinger d’Issenheim (et de Soultz).

Ceux de Wittelsheim

Dès 1659, Michel Birlinger, laboureur de profession, et ses deux enfants, vivaient à Wittelsheim. Il avait épousé en novembre 1653 à Cernay une suissesse de Soleure : Madeleine Borer. Cernay avait vu quelques années auparavant l’union de Valentin Soldner et de la veuve de Nicolas Bürlinger de Wittelsheim, veuve prénommée Odile. Les registres de Wittelsheim de cette période ont malheureusement été détruits durant la dernière guerre.

Dans son étude sur l’histoire de Wittelsheim, feu Charles Sautter cite de nombreuses fois la famille Birlinger. Mentionnons Frédéric Birlinger qui fut en 1692 soldat au service du Roi de France. Citons également Joseph Birlinger, le maître d’école de la période révolutionnaire qui sera également agent communal, et dont le fils succédera en 1802. Comme pour les Birlinger de Lutterbach, l’implantation de cette famille à Wittelsheim a sans doute été facilitée par le fait que Lucelle était propriétaire du lieu, et ce depuis le tout début du quatorzième siècle.

Source : André Ganter, 1997, Centre Départemental d’Histoire des Familles
Article paru dans L’ALSACE Edition de Guebwiller le 5 avril 1997.


Birlingen, village disparu... sauf la chapelle

La chapelle de Birlingen à Steinbach, située sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, abritait jadis une statue de la Vierge « miraculeuse ».

Dans le cadre de notre série sur les villages disparus, voici Birlingen qui fut, entre Steinbach et Cernay, une ferme dès le XIIIe siècle, un prieuré à partir de la fin du XVIe, puis une petite agglomération qui a assez vite périclité. Ne reste aujourd'hui du lieu qu'une chapelle, construite en 1930 sur les ruines de la précédente, victime des combats de 1914, et le souvenir d'un pèlerinage très couru autour d'une statue de la Vierge « miraculeuse », encore conservée à Cernay.

Villages disparus : Birlingen, terre de pèlerinages

La chapelle de Birlingen, à l'angle de la D35 et de la bien nommée rue de la Chapelle. Elle a été construite en 1930, sur les ruines de la précédente, victime des combats de 1914 (photos Thierry Gachon)

La chapelle de Birlingen, à l'angle de la D35 et de la bien nommée rue de la Chapelle. Elle a été construite en 1930, sur les ruines de la précédente, victime des combats de 1914.

Situé entre Cernay et Steinbach, Birlingen fut une ferme, un village et un prieuré. Mais le site a surtout connu son heure de gloire grâce à une statue miraculeuse.

Il n'y a pas si longtemps, elle était cernée de prés et on voyait le ruisseau Erzenbach couler pas très loin de ses pieds. Aujourd'hui, le ruisseau s'est caché et la chapelle de Birlingen semble bien à l'étroit : sur l'arrière, les jardins des maisons du lotissement touchent ses murs ; et sur l'avant passe la départementale 35 reliant Steinbach à Cernay.

L'édifice est sur le chemin de Saint-Jacques : un panneau apprend que Compostelle se trouve 2.177 petits kilomètres plus loin. Décidément, l'endroit est lié aux pèlerinages... Car avant la Révolution, la chapelle n'était pas une simple étape : elle était le but de la dévotion des pèlerins. À l'époque, elle abritait une Vierge dite miraculeuse parce qu'elle revenait d'elle-même à Birlingen quand on voulait l'installer ailleurs.

Chacun son tour

Mais l'histoire du site est bien antérieure. Dès le XIIIe siècle est citée La « cour de Burtlingen », dépendante de l'abbaye de Lucelle. Cette ferme cultivait la vigne et jouissait de certains privilèges. À partir de la fin du XVIe, l'endroit devient aussi un prieuré (petit monastère). Une agglomération s'est formée sur le site, mais elle a, semble-t-il, assez vite périclité (avant la guerre de Trente Ans).

Mais tandis que Birlingen disparaissait en tant que village, il connaissait donc son heure de gloire, aux XVIIe et XVIIIe siècles, en tant que pèlerinage. À partir de 1606 (date de la consécration d'une nouvelle chapelle), les habitants des environs y affluaient en processions, dans un ordre précis : ceux de Wittelsheim le samedi de la semaine des Rogations (au printemps), ceux de Cernay le jour de l'Assomption et ceux de Vieux-Thann le 14 septembre.

La Révolution a tout... révolutionné. En 1791, la chapelle et les deux dernières maisons de Birlingen furent déclarées biens nationaux et vendues. Et dès 1803, un fabricant de papier a démoli la chapelle pour réutiliser ses pierres.

De son côté, la statue a connu un destin assez romanesque. Le vicomte de Bussière, auteur en 1862 d'un ouvrage sur les pèlerinages alsaciens à la Vierge, raconte qu'elle a été sauvée du feu par des enfants de Wittelsheim, en 1793. Ce qui est sûr, c'est qu'elle a été recueillie et cachée (dans le foin) par la famille Schnebelen, de Cernay. Celle-ci la confia ensuite à son église et la dota d'une garde-robe appropriée aux diverses fêtes. La Vierge à l'enfant a été sauvée une nouvelle fois pendant la Seconde Guerre mondiale, et cette fois par un soldat allemand : le Feldwebel Engstler la fit transporter à Strasbourg...

La chapelle de Birlingen a été remplacée par un oratoire, puis un calvaire, puis un nouvel édifice bâti en 1894... et détruit vingt ans plus tard, en 1914, lors des combats de la « cote 425 ». Elle a été reconstruite en 1930 et consacrée en 1932. C'est celle que croisent aujourd'hui les pèlerins de Compostelle. Mais la statue miraculeuse n'y est plus : elle a trouvé sa place à la gauche du choeur de l'église de Cernay. Et apparemment, elle n'est plus d'humeur à en bouger.

Les histoires de la statue têtue

La statue de Birlingen a été déclarée miraculeuse parce qu'elle était têtue.

Selon la légende, cette sculpture de la Vierge à l'enfant aurait été découverte sur ce site et transportée dans une église des environs (Cernay ou Steinbach). Or elle a disparu... pour réapparaître à Birlingen. Le phénomène s'est produit trois fois, si bien que les fidèles n'ont plus eu de doute sur la volonté divine et lui ont bâti, à Birlingen, une chapelle comme écrin.

Dans la version du vicomte de Bussière, c'est lors d'une guerre médiévale que les habitants de Wittelsheim ont enlevé cette statue (qui daterait de 1295) de Birlingen afin de la mettre à l'abri dans leur église... et qu'elle est revenue miraculeusement, par trois fois, à son emplacement initial. C'est alors, poursuit le vicomte, « que la population de Wittelsheim s'engagea à se rendre tous les ans en pèlerinage à Birlingen, croix et bannières en tête ».

Source : Hervé de Chalendar, L’Alsace du dimanche 12 août 2012


E-mail :
micheline.frank@orange.fr

Page d'accueil :
Les Pages de Micheline